Burkina Faso: Que reste-t-il de Thomas Sankara ?
Roland Tsapi
Cet article a été publié dans le journal camerounais le messager (voir à l’adresse http://www.lemessager.net/) du 18/10/2006
L’homme a laissé à la postérité une oeuvre qui ne semble pas exploitée.
Né le 21 décembre 1949 dans un pays alors appelé Haute-Volta (qui deviendra plus tard Burkina Faso patrie des hommes intègres). Ce nom en lui seul résume l’homme Thomas Sankara, qui pris le pouvoir du Burkina Faso du 4 août 1983 (suite à un coup d’Etat) à la tête du Conseil national de la révolution (Cnr) ; il préside aux destinés de ce pays et dirigea jusqu’au 15 octobre 1987. L’homme tranchait des autres présidents par sa simplicité et la rigueur imposée aux membres de son gouvernement. Il avait mis au garage les Limousines du parc automobile de l’Etat, imposant des Renault 5 comme voitures de fonction pour lui et ses ministres, selon divers témoignages. Très remonté contre la colonisation et les influences des Occidentaux qu’il jugeait néfastes, il était arrivé à tenir en horreur tous ce qui était exporté, les idées comme les produits manufacturés. C’est pour cela qu’il obligera les fonctionnaires à tronquer les costumes trois pièces venus d’ailleurs contre les tenues en cotonnade tissées localement. Consommons Burkinabé, ne cessait-il de répéter, en prêchant par l’exemple.
Action
On retiendra de lui, sur le plan politique de grandes actions : la campagne massive de vaccination des Burkinabés qui fera chuter le taux de mortalité infantile alors le plus haut d’Afrique, la construction considérable d’écoles et d’hôpitaux, la campagne de reboisement (plantation de millions d’arbres pour faire reculer le Sahel), grande réforme agraire de redistribution des terres aux paysans, élévation des prix et suppression des impôts agricoles, institution de Tribunaux Populaires de la Révolution (Tpr), grandes mesures de libération de la femme (interdiction de l’excision, réglementation de la polygamie, participation à la vie politique, etc.), aides au logement (baisse des loyers, grandes constructions de logement pour tous), et tant d’autres.
Idées
Dans ses discours, des formules rebelles revenaient sans cesse ; il était déterminé à en découdre avec les bourreaux de l’Afrique Tant qu’il y aura l’oppression et l’exploitation, il y aura toujours deux justices et deux démocraties : celle des oppresseurs et celle des opprimés, celle des exploiteurs et celle des exploités. Dans la foulée, il déclare à la tribune de l’Oua (actuelle Union africaine) à Addis-Abeba, il déclare à l’attention de ses pairs africains : Je dis que les Africains ne doivent pas payer la dette. Celui qui n’est pas d’accord peut sortir tout de suite, prendre son avion et aller à la Banque mondiale pour payer.
Il militait également pour l’émancipation de la femme : Il n’y a pas de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée. Que jamais mes yeux ne voient une société où la moitié du peuple est maintenue dans le silence.
Principes et éthique
Sur les qualités extraordinaires de l’homme, Bruno Jaffre, un écrivain qui s’intéresse à sa biographie écrit : Thomas Sankara aurait pu se débarrasser de ses ennemis, il en avait les moyens Peut-être aurait-il dû mieux se protéger ? Il ne pouvait en tout cas pas imaginer que son ami viendrait à être responsable de son assassinat. En tout cas, il ne voulait pas tomber dans le cycle sans fin des clarifications sur fond d’assassinat, sous prétexte d’étapes supérieures qui cachent souvent une simple lutte pour le pouvoir. Au contraire il a cherché à élargir la base de la révolution et s’est opposé à ceux qui portaient des exclusives. Il s’est battu politiquement, mais en face on a préféré l’éliminer physiquement, ce que nous pourrions interpréter comme un aveu de faiblesse. Thomas Sankara savait que s’il venait à employer ces méthodes, il aurait cessé d’être celui qu’on aimait, celui en qui on avait confiance, celui qui rassurait au moment des doutes par son intégrité et sa rigueur morale…
Héritage
Que reste-t-il de l’homme aujourd’hui ? La jeunesse continue de voir en lui une idole, et se demande pourquoi il a été assassiné si jeune, à 38 ans (le 15 octobre 1987.) Ses idées continuent à animer les débats et inspirer la littérature ; mais on observe sur le continent aucune mise en oeuvre de sa vision. Les présidents africains se moquent de sa modestie et accumulent des richesses sur le dos de la population ; les produits locaux sont traités avec mépris par ces dirigeants dont les épouses prennent l’avion pour aller faire des emplettes à l’étranger, notamment en Occident. Nos pays sont de plus en plus dépendants.
De l’homme Sankara, on ne connaît presque pas de biens matériels accumulés comme c’est la mode pour nos dirigeants. L’héritage de Sankara peut enfin se résumer en un rêve brisé. Mais pas perdu.
Roland Tsapi
> Que reste-t-il de Thomas Sankara?
Bonne question! que reste-t-il? un gachis ou un semis? qu’en a-t-on fait? les assassins de sankara comme les defenseurs. S’il en a eu vraiment, je me le demande parfois vu la facilité de son assassinat (que “tout le monde” attendait) et surtout le manque de reaction de ses partisans apres!!! Plus que degoutant! Tout le monde se bagarrre maintenant alors qu’il n’avait pas recu de soutien. Tout le monde l’encense aujourd’hui alors que personne n’a levé la main pour soutenir. Si! Il y en a qui ont levé la main mais… pour frapper. Des africains, des burkinabe, etc. ont organisé des campagnnes diverses pour denigrer l’action menée. Parfois aujourd’hui ce sont les memes qui retournent leur veste pour pleurnicher celui qu’ils ont contribué a assassiner. Nous sommes tous responsables que nous l’acceptions ou non. Il est facile de critiquer l’exterieur (qui a certes sa responsabilité). Tout le mond e reconnait que Sankara a dix mille fois raison et que c’est la seule voie qui reste a l’afrique mais alors pourquoi cet inactivisme jusque là? tous ces partis qui se pretendent plus sankaristes les uns que les autres et quand on regarde c’est souvent une affaire de “politique du ventre”, une politique du “degage que je m’y mette” (pour manger évidemment!). C’est une affaire d’égo, d’égotisme et d’egoismes de tout acabit. Compaore est vissé au siege de la presidence tant qu’il le voudra et sans la moindre inquiétude que ce soit! Pourquoi? Ou sont ces sankaristes? Tous ceux qui qui vociferaient dans les discours (parfois des insanités qui n’avaient rien a voir avec la revolution) et que l’on rejetait sur le dos de … Sankara évidemment! Son tort c’est d’avoir accepté de tout assumer…etc. etc;
grandcamarade