La révolution burkinabè

 

Pierre Englebert (préface de Jean Pierre Cot)

 

1986, 270 pages, L’Harmattan

 

Contact Edition : 5 -7  rue de l’Ecole Polytechnique 75005 Paris

 

 

Présentation  (4 ème de couverture)

Le 7 août 1983, Thomas Sankara et un groupe de jeunes officiers progressistes prenaient le pouvoir à Ouagadougou. Dans une Haute-Volta, habituée aux coups d’Etat militaires sans effusion de sang, l’opération pouvait ressembler à un incident, un règlement de comptes au sen des forces armées voltaïques. Après trois ans, il faut bien prendre la révolution burkinabè au sérieux. C’est ce que propose Pierre Englebert.

 

[…]

 

“”Le pays des Hommes intègres”, telle est la traduction approximative de “Burkina Faso“; l’aspiration à une dignité retrouvée est peut-être la clef qui permet de comprendre Thomas Sankara, son peuple, sa politique. La politique du Faso est d’abord une morale.

“On s”explique ainsi la sincérité et la sévérité des condamnations portées à l’encontre du colonialisme, du néo-colonialisme et surtout de l’apartheid, négation de la dignité de l’Africain.

On s’explique encore l’importance de la lutte contrer la corruption, qui ne se traduit pas seulement par des procès spectaculaires, mais par une conduite irréprochable de l’appareil d’Etat, rare dans ces latitudes. La modestie du train de vie du gouvernement qui symbolise la promotion des Renault 5 au rang de limousine présidentielle, participe de la même rigueur morale, comme l’appel constant au civisme de chacun.

Peu habitées à cette discipline, bercés plutôt par des dictatures indolentes que par des hymnes révolutionnaires, les Burkinabés n’en reviennent pas encore tout à fait. Pourtant une révolution est en cours.

Pierre Englebert nous en donne un aperçu”.

Jean Pierre Cot

 

 

L’auteur

Pierre Englebert est né à Bruxelles en 1962. Licencié en Sciences Politiques et Relations Internationales et licencié spécial en Droit International de l’Université Libre de Bruxelles, il a effectué plusieurs séjours en Afrique de l’Ouest et particulièrement au Burkina Faso avant d’écrire cet ouvrage.

 

 

Sommaire du livre

 

Préface de Jean Pierre Cot

 

Introduction

 

Première partie : mode d’accession au pouvoir : coup d’Etat ou Révolution?

Chapitre 1 : La pratique du coup d’Etat dans l’histoire de la Haute-Volta.

I. Bref aperçu de la période civile (1944-1966)

1. Le formation des élites politiques

2. La tentation du parti unique (I)

3. La résistance des organisations syndicales

II. L’intervention et l’installation des militaires (1966-1978)

1. Le coup d’Etat du 3/1/199 et l’évolution politique ultérieure

A.  Les syndicats au service de l’Armée (I)

B. L’aménagement institutionnel du 1er régime militaire.

2. Le coup d’Etat du 8/2/1974 et l’échec du Renouveau national

            A. Les parlementaires au service de l’Armée

            B La tentation du parti unique (II)

III. Intermède : les élections législatives et présidentielles de 1978

IV. Le coup d’Etat du 25/11/1980 et le Comité Militaire de Redressement national pour le Progrès national (CMRPN)

1. Les vices du système

2. Les syndicats au service de l’Armée (II)

3. L’Armée contre les syndicats

 

Chapitre 2 : L’Avènement du Conseil National de la Révolution (CNR)

I. Du Conseil du Salut du Peuple (CSP) au Conseil National de la Révolution (CNR)

1. Le CSP 1 oui le conflit gauche droite

2. Le CSP 2 ou la fuite en avant

3. Le coup d’Etat du 4 août 1983 et l’entrée en scène de la gauche.

II. Tentative de théorisation

1. La vision marxiste : l’Armée comme classe dominante suppléante.

2. Facteurs d’interprétation divers

A. Absence de la primauté du civil et tendance à l’anti-parlementarisme des militaires

            B Politisation de l’Armée, factionnalisme et conflits de générations

 

Deuxième partie : Fondements et pratique du pouvoir

Chapitre 3 : Les fondements idéologiques

I. Une révolution marxiste-léniniste

1. La RDP, 1 ère étape d’un processus révolutionnaire

2. Les classes sociales et la Révolution

II. Une révolution anti-impérialiste et de libération nationale

1. Anti-impérialisme, anti-néo-colonialisme

2. Les références à la lutte de libération nationale

 

Chapitre 4 : Les fondements politiques

I. Les alliances politiques

1. La phase antérieure à la “clarification”

2. La “clarification et les phases postérieures

II. Les Comités de Défense de la Révolution (CDR)

1. Les CDR, relais politiques du CNR.

A. Assemblée générale du CDR -RAN

B. Assemblée générale du CDR –Secteur 13 (Ouagadougou)

C. Réunion des délégués CDR du Kadiogo

2. Les CDR, relais futurs du Parti Unique

 

III. La politique syndicale du CNR.

 

Chapitre 5 : Les rapports sociaux

I. Les choix politiques du CNR et leurs conséquences sur les alliances sociales

1. L’abandon des bases sociales traditionnelles

A. Austérité pour l’Armée et l’Administration

B. Dérogation partielle pour les opérateurs économiques

2. L’option paysanne

3. Le danger d’essoufflement des CDR, unique base sociale du CNR.

II. Relations gouvernants-gouvernés : le charisme de Thomas Sankara

III. Moralisation de la vie publique et responsabilisation des citoyens

1. Les tribunaux populaires de la Révolution

2. Campagnes éducatives, Service national populaire

IV. La contrainte

 

Chapitre 6 : La politique extérieure du Burkina

I. Position de principe: le non-alignement positif

II. La politique régionale

1. Les rapports avec le Niger

2. L’ambiguïté des rapports avec la Côte d’Ivoire

3. Ghana-Burkina : même combat

4. Le Mali et la “Guerre de Noël”

III. Aperçu de la politique africaine

1. La position du CNR sur les grandes questions africaines

2. Pour en finir avec l’épouvantail libyen

IV. Les relations franco-burkinabé

 

Conclusion

 

Bibliographie sommaire

 

Annexes

I. Discours d’Orientation Politique (DOP) du CNR (2/10/1983) 

II. Statut général des CDR (17/5/1984)

III “Di Taa Niyé” (hymne national) 

IV. Télex de Thomas Sankara à Edgard Pisani (7/12/1984)

V. Le CNR à propos du Sommet France-Afrique de Bujumbura (10/12/1984)

 

Cartes

– Le Burkina Faso dans le contexte africain

– Principaux groupes ethniques du Burkina

– La carte administrative (1984)

– Le différend frontalier Burkina-Mali

 

 

Nos commentaires

La “Révolution Burkinabé” est écrit alors que la Révolution battait son plein, dans le feu de l’action donc. Bien sur si le recul n’est pas suffisant et pour cause, il n’en reste pas moins que ce livre produit une analyse approfondie de ce qu’on pouvait alors savoir de cette révolution.

La partie historique très complète occupe le tiers du livre. On y trouvera ainsi les éléments essentiels permettant de comprendre la prise du pouvoir le 4 août, le mouvement social représenté par les syndicats mais infiltré largement par les partis politiques, la dégénérescence progressive du système politique, le rôle des organisations d’extrême gauche et les contradictions internes à l’armée.

De même sont analysés les premières contradictions qui vont minés la révolution, la mise à l’écart des syndicats et leur confrontation avec les CDR de service, la faible base sociale du pouvoir, d’où l’importance du rôle de l’armée avec un intéressant développement théorique sur ce que représente une armée dans un pays comme le Burkina Faso, mais aussi les contradictions qui la minent. Il y dénonce aussi les travers quelques peu sectaires de certaines personnes de l’entourage de Thomas Sankara, un aspect important et peu connu quand on sait qu’il s’est heurté peu avant la mort à ceux qui souhaitaient éclaircir encore les rangs des révolutionnaires alors qu’il argumentait pour une plus grande ouverture et le rassemblement de tous les groupes révolutionnaires.

A propos des CDR, l’auteur produit de précieux comptes rendus de réunions de CDR à différents niveaux permettant d’en connaître un peu plus sur ces “organes du pouvoir populaires” sur lesquels existent peu de documentation.

L’auteur aborde d’autres questions théoriques et en particulier s’efforce de classer cette révolution selon les étiquettes bien connues des groupes d’extrême gauche laissant alors dans doute à l’écart les autres lecteurs. Cela dit ce passage permet aussi de rendre compte du débat théorique qui a opposé particulièrement la LIPAD et notamment l’ULC, la première parlant d’une révolution de libération nationale, tandis que la seconde  préférait parler d’une révolution démocratique et populaire, tandis que l’auteur évoque d’autres expression révolution marxiste-léniniste, révolution anti-impérialiste.  

Aux autres dangers que coure cette révolution, il s’interroge aussi sur les éventuels représailles qui pourraient venir de l’extérieur de par la remise en cause des équilibres régionaux mais aussi des provocations que l’on trouve ça et là dans les discours du Président.

Il souligner l’important travail de Pierre Englebert, qui n’avait alors que 24 ans ce qui peut expliquer aussi un tel attrait pour les aspects théoriques révolutionnaires, qui ravira sans doute tous ceux qui s’y intéressent. C’est d’ailleurs l’objet du livre puisque son auteur est un politologue.

On regrettera cependant que ne soit pas évoquée l’action concrète et quotidienne de cette révolution, ses nombreuses réalisations au profit de la population car c’est surtout cela que l’on en retient aujourd’hui. Nombreux sont les pseudos révolutionnaires en Afrique, dont le goût prononcé pour la phraséologie cachait en réalité des dictateurs comme les autres, souvent incompétents, éloignés de la réalité quotidienne de leurs populations, voir corrompus comme la plupart de leurs pairs dont il ne se différenciait finalement que par le discours.

 

BJ

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