Cet article reprenant le témoignage d’un ancien pionnier est tiré de l’hebdomadaire burkinabé Bendre  ( voir  bendré http://www.bendre.africa-web.org) Il a été publié le 16 octobre 2005 signé par Nana. Il en est de même des précisions qui suivent l’article à propos du mouvement pionnier.


Mahmoud, un ancien pionnier

Leur uniforme et leur jeune âge les distinguaient des autres citoyens. Une chemise et une culotte (en kaki blond), des souliers noirs, un béret jaune tapé d’une étoile à cinq branches avec un foulard au cou ou encore le FASO DAN – FANI. Toujours propres et bien habillés les enfants pionniers ont mené une vie intense aux côtés des leaders révolutionnaires. Retour sur l’histoire avec l’un d’eux qui a pris de l’âge et du poids mais qui s’en rappelle passionnément.

Par Nana

« Pionnier !
Oser lutter savoir vaincre. Vivre en révolutionnaire, mourir en révolutionnaire, les armes à la main.
La Patrie ou la mort, nous vaincrons ! » .

Le point levé, la fierté dans le cœur, Mahmoud clame et dans une incroyable nostalgie ce slogan révolutionnaire. Il l’a appris il y a environ une vingtaine d’années alors qu’il était en classe de CP1 ou de CP2. La révolution a secrété ses portes drapeaux et ses flambeaux en la personne des enfants comme pour souscrire à la parole du Christ. “Laissez venir à moi les enfants”. Mahmoud a fait partie de ces pionniers. « Nous étions de véritables piliers de la révolution, raconte-t-il. Nos plus grands droit et devoir : Aimer sa Patrie, Aimer son Peuple ; il n’y a pas de plus grande responsabilité citoyenne que cela. Notre respiration se rythmait par le travail, le dévouement à la cause nationale. Autrement dit un paresseux ne pouvait pas être révolutionnaire. Petits, nous mémorisions et défendions déjà des valeurs cardinales. Le président SANKARA ne disait-il pas que “nous pouvons créer notre propre bonheur par l’effort de nos poignets et de nos cœurs”. Les pionniers entretenaient les jardins scolaires, s’occupaient de l’élevage de la volaille ou d’autres animaux. Un agent du Service National Populaire (SERNAPO) du nom de PODA Sié assurait notre encadrement. Nous apprenions à marquer le pas, à exécuter l’Hymne National, à connaître les doctrines révolutionnaires ainsi que la signification des emblèmes de la révolution. En plus des promenades, nous organisions des matches interclasses ou opposant les élèves aux villageois. »

SANKARA, qui était-il pour ces jeunes enfants ? A cette question, notre interlocuteur observe une minute de silence avant de répondre : « Avant toute chose, confesse t-il, le 15 octobre est un désastre, un jour de deuil. Une plaie que des milliers d’évènements heureux ne sauraient panser. Le jour où il a été annoncé l’assassinat de Thomas SANKARA par son « Bras droit », mes larmes ont coulé abondamment. J’ai tout simplement répondu à mon frère que j’ai des maux d’yeux quand il me demanda ce qui se passait ». Le père de la révolution est notre père spirituel. Il a été un visionnaire toujours en avance sur son temps et sur son peuple. Dommage que celui-ci ne l’ait pas compris et que le temps lui ait été avare ! SANKARA demeure un soleil dont les rayons brillent sur nos consciences. Sa présence est coexistensive à notre existence. « Je souhaite qu’on garde de moi l’image d’un homme qui a mené une vie utile pour tous. ». Cet idéal Sankariste n’a jamais été trahi par les jeunes militants organisés de la révolution qu’ont été les pionniers.

« Errarum humanum est », la révolution a aussi connu des déviations, reconnaît Mahmoud. « le licenciement de nos parents enseignants a créé un mécontentement immense, les CDR ont semé la terreur dans les campagnes. Ils combattaient la révolution en prétendant la défendre. Pouvait-il en être autrement quand on sait qu’ils étaient dénudés de toute connaissance intellectuelle et qu’ils avaient un grand pouvoir ? Le révolutionnaire, c’est un homme intègre qui travaille pour le bonheur du peuple. Ils ignoraient tout de ce principe fondamental de la révolution. »

Nonobstant ces fautes, « si la révolution était à refaire, j’y mettrai les deux pieds » témoigne t-il. Les Sankaristes, le Sankarisme, des disciples et un mouvement en marche. Pourquoi ne pas y adhérer ? « Non, lâche sèchement notre pionnier » et lui de poursuivre, « une chanson disait en substance « Peuple du Burkina, comme un seul homme lève-toi et marche ». Le Sankarisme s’est dépouillé de cette unité. Un royaume divisé est appelé à disparaître ou à perdre de ses valeurs vitales. » Sur ces mots, l’ancien pionnier entonne de sa voix vieillie un cantique révolutionnaire. « Allons, allons de l’avant ! Attention l’impérialisme président ! Nous burkinabè, nous luttons bien oui ! Oh SANKARA, THOMAS SANKARA, qu’il soit toujours le président ! »

THOMAS reviendra t-il ? Disons oui. Trouvera t-il des hommes encore intègres au Burkina Faso ? Hum….

 

 


 

Quelques dates importantes du mouvement pionnier

27 au 29 décembre 1984 : séminaire de réflexion sur le mouvement national pionnier (MNP) à Ouagadougou.
17 mai 1985 : directive n° 85-007 publiée par le secrétaire général national du comité de défense de la révolution (SGN-CDR) qui trace l’ossature générale du Mouvement national pionnier
12 mai 1985 lancement officiel du MNP
28 au 30 décembre 1986 : séminaire des SOFA.

Les catégories de pionnier

Les pionniers étaient scindés en trois grands groupes :
Le niveau I regroupait les élèves du CEII (11 ans) qui étaient désignés par le nom « Janto » qui signifie « ne m’oublie pas » en Dioula. Ils portaient autour du cou, un foulard vert.
Le niveau II était composé des élèves des classes de CMI et CMII (12-13 ans). Ils arboraient autour du cou un foulard jaune et étaient symboliquement appelés « Djambou ». C’est un terme lélé (gourounssi) qui veut dire « enfant intrépide sur qui on peut compter ».
Le niveau III était formé par les élèves des classes de 6ème et de 5ème. On les reconnaissait par leur foulard rouge et par leur nom « Abga ». C’est par ce nom que les moose désignent la panthère, cet animal agile, vivace dans l’action.

Les lieux de regroupement

Le mouvement national pionnier était formé des enfants scolarisés. Par conséquent, les écoles étaient les lieux de rassemblement permanent des pionniers. Ces écoles prenaient le nom de Keego (camp d’initiation). Le Keego était divisé en compagnie correspondant aux classes. Par exemple les élèves de la classe de CEII formaient une compagnie.

La compagnie était subdivisée en section de 10 à 12 pionniers.
Si la section était dirigée par un chef de section, la compagnie elle, était dirigée par un commandant. Chef de section et commandant de compagnie étaient des pionniers démocratiquement élus par leurs pairs.
Le chef de section rend compte des questions de disciplines, d’organisation des activités au commandant qui répond devant le SOFA (encadreur de pionnier). Au niveau du keego le conseil des chefs de section et des commandants se tient tous les derniers jeudi du mois.

Les SOFA

Les conditions pour être SOFA étaient les suivantes :
être un militant convaincu de la RDP
Avoir fait ses preuves dans les activités de son CDR de base.
Avoir l’amour pour la masse enfantine
Avoir de l’initiative dans le sens de l’organisation et de l’animation des enfants.
Les SOFA de chaque province se réunissaient en conseil au début de chaque année.

Supervision Les activités du mouvement national pionnier (MNP) étaient supervisées par le SGN-CDR ou un responsable national nommé. Ce dernier est entouré par une cellule permanente de réflexion sur le MNP. La cellule comprend outre le responsable national, ceux chargés du volet formation, de la section formation, de la section production et de l’animation.

Quelques insuffisances du MNP

1 Il fallait être scolarisé pour accéder au MNP
2. Il n’y avait pas un cérémonial solennel pour entrer au MNP
3. La répartition se faisant conformément au niveau scolaire, on retrouvait parfois des enfants d’âge très disparate dans un niveau du MNP.
4. Le MNP n’avait pas un budget régulièrement voté malgré ses activités multiformes. (jardin, poulaillers, terrain de jeu, … )

 

Source : Kaboré Victor ; l’organisation et l’animation des pionniers au Burkina Faso. Mémoire de conseiller principal de jeunesse, INSS, Yaoundé, 109 p.

 

2 COMMENTAIRES

  1. > Mahoud un ancien pionnier
    Oh! que Dieu vous benisse, MAHMOUD.Que de souvenirs agréables.Djambou j’ai été et vous m’arracher des larmes…je me vois comme si s’étais hier, à l’école Paspanga A dans les rangs de notre chef de classe KONSEIBO HUBERT, alors “Tambour major” de la fanfare des pionniers.
    MERCI CAMARADE.
    La jeunesse africaine du BURKINA-FASO attend son heure et soyez rassurés, elle ne tardera plus.
    LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS.

    • > Mahoud un ancien pionnier
      bonjour je veux savoire coment a ete finir entre blese compaore et le 2autre apret la mort de sankara lingani et zonko

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