Nous publions cette interview de Benewendé Sankara candidat sankariste aux élections présidentielles. Cette interview a été réalisée après la tenue de la convention des partis sankaristes qui l’avaient désigné comme candidat. Cette convention, tenue sous le parrainage de Mariam Sankara avait suscité un grand enthousiasme de voir les sankaristes enfin unis.
Malheureusement il a fallu déchanter. La moitié des “partis” présents se sont désistés et ont remis en cause les résultats de cette convention. Ce qui fut une grosse déception pour tous ceux qui avaient espéré en cette union.
Lors du dépôt de listes, cependant, seul l’UNIR PS (Union pour la renaissance, parti sankariste), parmi les “partis sankaristes”, a été capable de déposer des listes pour les législatives pour toutes les provinces et ce même parti a été encore le seul à avoir un candidat pour les présidentielles.
Bruno Jaffré
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publié sur www.lefaso.net dimanche 24 mai 2015
Il est, depuis le 17 mai dernier, le candidat unique des partis et associations sankaristes à l’élection présidentielle du 11 octobre 2015. Me Bénéwendé Stanislas Sankara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, décline déjà les grandes orientations du projet de société « pragmatique » que concocteront ces mouvements sankaristes. Il l’a fait avec un franc-parler, le mardi 19 mai 2015 dans le cadre d’un entretien qu’il nous a accordé à Ouagadougou. A l’occasion, l’avocat s’est également prononcé sur l’actualité du ‘’dossier Thomas Sankara’’ qui se trouve dans les arcanes de la justice militaire. Lisez plutôt !
Le 17 mai 2015 à l’occasion d’une convention, vous avez été désigné candidat unique des sankaristes à la présidentielle d’octobre prochain. Pouvez-vous revenir sur l’ambiance qui a entouré cette désignation ?
Tout à fait. D’abord, du fond du cœur, je veux dire merci à la presse, en particulier à Lefaso.net qui va très loin et qui fait que le Burkina Faso est suivi en temps réel partout dans le monde. Je sais que les Burkinabè, les amis du Burkina, tous ceux qui ont accès au net, suivent l’actualité grâce au travail que vous faites. Je voudrais profiter de cette occasion pour saluer tout le travail que les journalistes ont eu à faire pour permettre à notre convention, qui est une première au Burkina Faso, d’avoir du succès. Arriver à une convention de cette nature, c’est un peu rare. C’est une convention qui a réuni neuf partis politiques et une vingtaine d’associations, plus des personnes ressources qui ne sont pas structurées avec des intellectuels, plus la diaspora. Nous avons travaillé en amont dans des commissions pour arriver à cette convention. Donc vous comprendrez que ce fut d’abord une ambiance de sankaristes.
Et quand on parle de sankaristes, ce qui fait la caractéristique chez les sankaristes, c’est le débat. Ce débat est souvent houleux, et même fougueux. Mais c’est un débat entre camarades. Quand on n’y est pas habitué, on croit que ce sont des gens qui se font la guerre. Or, ce sont des débats d’idées, des débats profonds ; chacun tient à sa conviction et à la pertinence de son argument. Mais au finish, nous arrivon toujours à nous entendre et à trouver une solution.
Moi, j’ai été désigné dans un contexte de consensus ; c’était la règle principale de conduite de toutes nos prises de décisions. Il y a eu ce qu’on a appelé le comité de pilotage qui a travaillé avec le collège de sages. Il y a eu, je ne vous le cache pas, six candidats. De tractations en tractations, nous sommes parvenus à une candidature unique qui va représenter désormais les sankaristes.
C’est la preuve que désormais, plus rien ne sera comme avant, même chez les sankaristes. Me Sankara n’a plus la prétention de dire qu’il est le seul sankariste capable de conduire le mouvement sankariste, même si aujourd’hui de façon unanime, on m’en a confié le leadership. J’estime que c’est en toute modestie que j’accepte cette charge qui est pour moi, également la preuve que je dois m’engager davantage avec tous les militants, avec toutes les militantes, pour qu’ensemble, nous constituions une véritable force politique d’alternative.
Je pense que cette désignation a été faite en toute camaraderie, dans un climat serein, dans un climat de franchise, également dans un climat de détermination et de conviction de tous ceux qui étaient là, pour que les sankaristes puissent désormais, autour de la marraine de la convention, prendre l’engagement de relever le défi de remporter la victoire au soir du 11 octobre 2015.
Avez-vous le soutien, en tant que candidat unique des sankaristes, des mouvements sankaristes au niveau international ?
C’est comme ça que nous avons perçu la convention qui se voulait plurielle, mais qui se voulait aussi internationaliste. La diaspora a énormément contribué aux débats. Elle a même été représentée au niveau des commissions. J’estime que ma désignation reflète le courant mondial sankariste.
Même des camarades qui ne sont pas Burkinabè, ont contribué à partir du site thomassankara.net à ces débats, et continuent de le faire. Voilà pourquoi, j’ai salué de façon particulière, l’apport inestimable de Lefaso.net qui a été pour nous, un outil ayant permis de nous enrichir davantage des contributions de sankaristes de par le monde. Pour moi, cela est vraiment formidable.
Pour faire un peu plus concret, dites-nous ce à quoi se rapporte le soutien de ces partis et associations sankaristes, au candidat unique désigné que vous êtes ?
Je pense que le premier soutien, c’est tenir compte du contexte contemporain, du contexte actuel ; et de se dire qu’il y a un foisonnement d’idées qui permettent aux sankaristes de pouvoir s’adapter à ces mutations pour ensuite offrir un autre projet de société pragmatique, réalisable. Un projet qui peut convaincre, même les plus sceptiques, qu’on peut faire du Burkina Faso, un pays formidablement mystérieux. Moi, j’en suis convaincu de par les contributions que nous recevons tous les jours dans chaque domaine.
Par exemple, je reçois de camarades qui sont en Allemagne, des contributions relativement aux questions d’environnement en disant, ‘’ voilà une nouvelle vision de la gestion de l’environnement qui permette, si les sankaristes sont au pouvoir, de faire de très bonnes choses’’.
Notre pays peut être une grande puissance ; en tout cas en Afrique. Et ce, de par la richesse des idées que nous avons dans le milieu sankariste. Le Burkina Faso peut être un pays fort ; je ne veux pas parler d’un homme fort, mais du pays. Notre pays peut vaincre la pauvreté, peut vaincre la misère, pour peu que nous arrivions à avoir les suffrages des Burkinabè pour ensuite leur prouver que nous avons des idées forces tirées du président Thomas Sankara, adaptées à notre contexte actuel, dans les différentes mutations.
La forte proposition qui a été faite, c’est de revoir le projet de société, pour en décliner un programme de gouvernement véritablement pragmatique. Mais cela ne peut se faire que s’il y a une véritable alliance, une unité de tout le peuple autour de ce programme.
Nous avons conscience que nous avons du pain sur la planche, parce qu’il va falloir rendre accessible, ce programme à chaque Burkinabè. Nous devons le soumettre à la critique de l’opinion pour, bien sûr, mériter, au soir du 11 octobre 2015, la confiance de tout le peuple. Nous disons qu’après l’insurrection, il faut construire un Burkina Faso où il fait bon vivre pour tout Burkinabè.
Peut-on, à ce jour, se faire une idée des grandes orientations de ce projet de société que vous annoncez « pragmatique » ?
La plus grande orientation que nous allons décliner, c’est de créer une alliance nationale pour la patrie. C’est un axe, j’allais dire, politique. Il faut dire en effet, qu’il s’agit de faire en sorte que les aspirations de l’insurrection se transforment en force politique où les véritables forces vives doivent créer cette unité d’action. Il ne s’agit pas d’écarter la lutte des couches et classes sociales ; mais, il faut intégrer le fait que le Burkina Faso pendant 27 ans, a connu un régime à la limite dictatorial qui a bâillonné ce peuple. Et ce peuple a reconquis sa liberté en faisant partir un régime dont le système reste encore intact.
Dans notre projet de société, il faut arriver à déstructurer ce système pour lui alterner un projet de développement, un projet de progrès qui va certainement éradiquer l’injustice, l’impunité. Un projet de société qui permette de faire en sorte que nous ayons une administration et une gouvernance sankaristes où la chose publique sera respectée.
Nous allons, sur les secteurs sociaux de base, c’est-à-dire la santé, l’éducation et les infrastructures, redonner goût à l’exemple du président Sankara. A savoir, créer les conditions d’accès à la santé, à l’éducation ; faire en sorte que les enfants des plus démunis aient les mêmes droits que ceux des plus nantis.
C’est cela, créer les conditions d’une justice sociale. Mais il y a des questions urgentes qu’il faut régler au plan politique. Nous, nous pensons dans notre projet de société, qu’il faut plus que jamais travailler à ce que le Burkina Faso donne l’exemple que les idées progressistes sont des idées qui ont encore leur pesant d’or.
Mais, il faut reconnaître qu’avant tout cela, on ne peut prospérer que si l’unité prônée par la convention est une unité véritablement combattante dans la sincérité. Que tous ceux qui se battent aujourd’hui pour tenir haut l’étendard du président Thomas Sankara, le fassent en toute sincérité, dans leur conviction, d’apporter leur sacrifice à ce combat qui voudrait que le Burkina Faso soit un pays libre et prospère. Moi, je pense c’est à nous d’abord de donner cet exemple ; c’est à nous d’abord, en tant que premiers responsables, de montrer que nous avons transcendé nos divergences. C’est à nous de démontrer que l’insurrection ne peut être ni trahie, ni être volée. C’est un serment, c’est un engagement que nous avons pris de faire en sorte que les Burkinabè se réconcilient avec eux-mêmes, qu’ils tournent désormais le regard vers l’avenir. Dans ce sens, chaque Burkinabè compte, chaque militant compte.
A vous écouter, l’on peut dire qu’il vous faut encore du temps pour vous unir véritablement entre sankaristes. Or, la présidentielle pour laquelle vous avez été désigné, arrive à grands pas. Avez-vous conscience du risque qu’il y a de vous faire surprendre par cette élection ?
Vous posez là, une question très pertinente. Nous avons déjà perdu trop de temps. Pendant que les autres étaient sur le terrain, nous, nous étions en train de discuter, de palabrer. Mais je crois que pour bien faire, il fallait d’abord régler tout ce qu’il y avait comme difficultés, comme contradictions.
Je pense qu’à partir du moment où nous avons pu dégager de façon sereine, une ligne de conduite en si peu de temps, nous pouvons combler notre retard. Déjà, nous envisageons à partir de maintenant, de couvrir l’ensemble des 45 provinces pour expliquer ce que c’est, que le sankarisme et le renouveau sankariste prôné par la convention. Il faut que nos militants à la base s’approprient les conclusions et résolutions de cette convention. Et nous allons commencer à le faire.
Nous avons aussi pris la décision de diffuser très largement, notre projet de société, notre programme politique ; on va le faire. Donc, ce qui me paraît aussi important de souligner, c’est qu’il faut intégrer dans la dynamique d’une unité d’action, les intérêts des différents groupes, des différents camarades qui vont à la bataille. Nous sommes des acteurs politiques ; et comme je dis, chaque militant compte. Il va falloir trouver un mécanisme pour occuper tous les militants sankaristes aux postes et aux avant-postes de combat. Et c’est une tâche que nous sommes en train de faire. Et quand on va donner le top départ, c’est pour, bien sûr, faire du 11 octobre le jour où nous occuperons désormais Kosyam qui a été libéré pour construire ce pays.
Dans cette course pour la conquête de Kosyam, quels soutiens attendez-vous spécifiquement de Mariam Sankara, l’épouse de votre idole ?
D’abord, mon plus grand souhait vis-à-vis de Mariam Sankara, c’est de relever le défi de ne pas la décevoir du fait qu’elle ait accepté de parrainer la convention que nous avons eue. Cette femme a souffert dans son âme et dans sa peau pendant plus de 27 ans. Elle a déjà connu des déceptions au plan politique. Après l’insurrection, si elle a pris la décision d’apporter son soutien à ce que les sankaristes se retrouvent et qu’elle a été le ciment de cette unité, nous n’avons pas le droit de la trahir. Nous n’avons pas le droit, du fait de nos égoïsmes, de nos mésententes ou de nos calculs mesquins, de la décevoir.
Et je pense que le soutien qu’elle a déjà apporté en faisant en sorte que les sankaristes puissent, au cours d’une convention, avoir un candidat unique pour représenter les mouvements sankaristes à la face du monde, est suffisant. C’est un soutien inestimable de savoir que l’épouse du président Thomas Sankara a donné sa bénédiction à cette convention de laquelle est issu un candidat qui joue le leadership. Un candidat qui doit faire l’unanimité, qui doit faire en sorte qu’aujourd’hui, que vous soyez dans un parti politique ou dans une association, ou libre penseur, tous ceux qui se retrouvent dans la peau du président Sankara, puissent se rassembler. Même ceux qui sont dans d’autres partis politiques.
Cela veut dire que nous avons pour mission de faire l’unanimité devant le peuple. Franchement, je crois que cette bénédiction qui nous a été donnée le 17 mai 2015, devrait nous conduire à la victoire. Le 17 mai n’est pas une date choisie au hasard, c’est une date très symbolique pour la résistance (Thomas Sankara, alors Premier ministre, a été arrêté le 17 mai 1983, ndlr). Pour nous, c’est un engagement pour respecter la mémoire du président Thomas Sankara ; mais respecter aussi ce que la veuve a pu, en résistant plus de 27 ans durant, apporter comme soutien moral, comme réconfort à cette convention.
Comme vous l’avez dit, Mme Sankara a été déçue sur le plan politique du fait des mesquineries des partis politiques dont le vôtre. Sans doute que bien d’autres personnes sont découragées par les mêmes partis. Et vous qui êtes désigné pour parler au nom de tous ces partis, du moins pour la présidentielle d’octobre prochain, quel message avez-vous à l’attention de toutes ces personnes, de sorte à les armer, à les amener à resserrer les rangs pour la conquête de Kosyam ?
Grand soupir (…). Je pense que, pour ceux qui me connaissent, j’ai donné de ma vie pour le combat politique. A la limite, j’ai sacrifié une profession que j’aime très bien. J’ai sacrifié souvent ma famille pour assumer mes convictions de sankariste. J’ai souvent dit que mon nom Sankara n’a rien à voir avec mon engagement politique. Nous venons de loin. Les expériences douloureuses, amères, que nous avons connues, ont souvent découragé certains militants. Mais beaucoup ont résisté. Et ces derniers militent, chacun à sa manière, soit dans des partis politiques, dans des organisations de la société civile, ou autrement.
Je disais à quelqu’un que pour moi, être sankariste aujourd’hui, c’est une façon de vivre. Et je crois que nous avons tous, avec nos insuffisances pour peu qu’on est sankariste, joué notre partition. Parce que, ce sont les sankaristes qui ont été au-devant de la lutte contre Blaise Compaoré depuis le 15 octobre 1987. Et nous sommes parvenus à débarquer tout un régime.
Mais, à ce stade, le message que je peux lancer, c’est de dire, ‘’mettons-nous ensemble, créons les conditions d’une véritable union, d’une véritable unité sans laquelle nous ne pourrons rien contre ce système qui s’est implanté avec le soutien de ce que j’appelle le réseau de la néo-domination’’. Je dis, et je répète, un peuple uni n’est jamais vaincu. Si les Burkinabè comprennent ce message, c’est sûr que dans cette unité, nous allons reconquérir le pouvoir d’Etat pour le peuple qui doit l’exercer, l’assumer dans ses propres intérêts.
C’est un appel à l’unité des sankaristes, un appel à l’unité de ceux qui sont sympathisants, c’est un appel à l’unité de tous ceux qui se reconnaissent dans le peuple burkinabé et qui regardent dans la même direction. Désormais, nous devons dire que nous avons le même destin. Mais notre bonheur, c’est à nous de le construire. Je m’adresse à ceux qui veulent le bien de notre pays, qui veulent que ce pays se mettent debout. Je crois que le Burkina Faso peut être un pays mystérieux. Nous avons les valeurs et les ressources nécessaires pour construire ce pays qui va faire la fierté de toute l’Afrique. L’Afrique nous regarde ; il faut que nous-mêmes, nous regardions d’abord.
C’est un message d’espoir. Je crois, et je pense qu’à partir du 11 octobre prochain, si les Burkinabè comprennent notre engagement et le serment que nous avons fait, euh bien, ils feront en sorte que nous puissions appliquer enfin, un projet de société qui fera la fierté de toute l’Afrique parce qu’on va réhabiliter l’œuvre du président Sankara. C’est une œuvre qui a connu un début, qui s’est estompée, qui a même été détruite à un moment ; mais la pierre angulaire est là, c’est le peuple. Il faut se mette debout et qu’ensemble, on avance.
Voudriez-vous, pour conclure cet entretien, dire en tant que membre du collectif d’avocats de la famille du président Thomas Sankara, un mot sur l’actualité du dossier Sankara qui se trouve dans les arcanes de la justice militaire ?
Oui, c’est un dossier qui est dans les arcanes judiciaires depuis 18 ans. Aujourd’hui, il y a un début de procédure engagée. Pour la première fois, la veuve a enfin eu un juge compétent qui est le juge d’instruction du tribunal militaire. Ce juge l’a entendue pendant près de huit heures sur la plainte qu’elle a déposée en 1997.
C’était un moment émouvant, pathétique. Et il y a d’autres actes majeurs qui sont prévus. Dans peu de temps, on va procéder à l’exhumation des restes du président Sankara et des douze autres. Je crois que c’est un combat que nous avons mené pendant ces 18 dernières années, parce que Mariam Sankara et ses enfants ont décidé que vérité et justice puissent se faire. La famille a eu le soutien de tout le peuple burkinabè et de tous ceux qui ont aimé le président Thomas Sankara.
Après l’insurrection, l’une des revendications de notre société, c’est la justice pour le président Thomas Sankara, pour Norbert Zongo, et bien d’autres. Ce message a été entendu par les autorités de la Transition qui ont décidé de laisser la justice faire son travail dans la liberté, dans l’indépendance ; c’est ça, l’idéal de justice que nous cherchons. Nous souhaitons simplement que la procédure puisse aller jusqu’au bout. On est encore au début de l’instruction, et il y a plusieurs personnes qui sont impliquées.
Mais l’essentiel est que le juge puisse avoir suffisamment de moyens. Et quand je parle de moyens, je veux parler d’abord de la prédisposition mentale du juge dans sa liberté, dans sa conscience, dans son indépendance ; mais aussi, qu’il n’y ait pas de blocage. Avant, nous avons connu avec le régime de Blaise Compaoré, des blocages politiques systématiques. Nous souhaitons qu’avec la levée de ces blocages par la Transition, le juge d’instruction puisse instruire son dossier à charge, à décharge, et qu’on arrive enfin à la manifestation de la vérité.
Pour terminer, je tiens à souligner que l’activité du juge ne concerne pas, contrairement à ce que certains pensent, la famille Sankara seulement ; mais celles des douze autres qui ont péri avec lui. Cela est extrêmement important à relever. Si les autres familles sont concernées, c’est parce que Mariam Sankara et ses enfants ont pris l’initiative de rattraper la prescription. Je pense que ce sont des moments très difficiles, parce que des dossiers de ce type se rapportent à la douleur de familles qui se rappellent constamment ce qui s’est passé un certain 15 octobre 1987, ce jeudi noir.
Entretien réalisé par Fulbert Paré