Comme tous les ans, nous publions un compte rendu de la cérémonie organisée à Ouagadougou pour attribuer le prix Thomas Sankara de poésie. Pour la première fois, cependant c’est un membre de l’équipe du site, Mahamadi Ouedraogo, auteur de l’article ci-dessous, qui nous permet de publier un reportage exclusif sur l’édition 2025. Qui plus est, il était aussi candidat et est arrivé 5ème dans la compétition.
La rédaction
La remise du Grand Prix de Poésie Thomas Sankara, rendez-vous incontournable des amoureux de la plume engagée, a célébré sa 6ᵉ édition le 21 mars 2025.
Depuis son lancement, le 24 décembre 2024, cette compétition initiée par Afrique Wilila s’est imposée comme une tribune d’expression libre, un espace où la poésie devient le reflet des luttes et des aspirations des peuples africains. La date choisie pour cette aventure littéraire coïncide avec la Journée mondiale de la poésie. C’est dans le cadre majestueux du Musée national de Ouagadougou que les finalistes, invités d’honneur et plusieurs personnalités se sont retrouvés pour assister à la proclamation des résultats et à la remise des distinctions.
Une édition placée sous le sceau de l’engagement patriotique
Avec pour thème « Honneur à ceux qui défendent leur peuple »,cette édition 2025 s’est voulue un vibrant hommage aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et aux Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), ces hommes et femmes qui, chaque jour, font face aux défis sécuritaires du Burkina Faso et d’ailleurs. Ce choix thématique a été salué par Noëlie Dao/Hien, présidente du comité d’organisation, qui voit en ce concours bien plus qu’une simple joute littéraire : « Ce concours n’est pas une simple célébration du verbe. Il incarne notre attachement à la culture du livre, à la liberté d’expression et aux motivations portées par Thomas Sankara.» Une jeunesse mobilisée autour de la poésie.
Une innovation pour cette 6ème édition
L’innovation majeure de cette année réside dans l’implication active des élèves du lycée privé Bangré Yiguia, une initiative visant à sensibiliser les jeunes générations à l’écriture poétique. Un pari réussi, selon Sawadogo Emmanuel, directeur des études de l’établissement :« Nos élèves avaient déjà un intérêt pour la poésie, mais cette cérémonie leur offre une plateforme pour perfectionner leur art et pourquoi pas, devenir les écrivains de demain.» Le partenariat avec ce lycée marque ainsi un tournant dans la promotion de la poésie auprès de la jeunesse, un engagement qui sera sans doute renforcé lors des prochaines éditions.
Un jury rigoureux face aux défis de la modernité
La sélection des lauréats a été confiée à un jury présidé par Boubacar Dao, poète et critique littéraire reconnu. Conscient des enjeux liés à l’évolution technologique et à l’intelligence artificielle, le comité a mis un point d’honneur à garantir l’authenticité des œuvres soumises : « Dans un monde où le plagiat est facilité par la technologie, nous avons redoublé de vigilance. Thomas Sankara ne mérite pas des textes copiés-collés ! » Après plusieurs semaines d’analyse, 12 lauréats ont émergé d’une sélection de cinquante candidats, illustrant ainsi la diversité et la richesse des plumes africaines.
Paul Zougri, la voix d’une poésie engagée
Le grand vainqueur de cette édition est Paul Zougri, poète burkinabè au talent reconnu, qui a su toucher le jury avec un texte d’une profondeur exceptionnelle. Son poème, véritable ode au courage des soldats, lui a valu 52 points sur 60, une partition impressionnante qui témoigne de sa maîtrise de l’art poétique et de son engagement littéraire. « En écrivant ce texte, je me suis mis dans la peau d’un soldat au front. C’est cette immersion qui m’a permis de trouver les mots justes, ceux qui traduisent la douleur, le courage et l’espoir. » Pour Paul Zougri, la poésie est bien plus qu’un exercice de style : « Les mots sont une arme puissante. Ils construisent la paix autant qu’ils peuvent attiser la haine. Il est donc de notre devoir, en tant qu’écrivains, de les manier avec responsabilité. » Désireux d’encourager ses confrères poètes, il a dédié son trophée à tous les compétiteurs, soulignant l’importance de la persévérance et du travail dans l’accomplissement artistique.
Un événement marqué par des hommages et des distinctions
En marge de la compétition, cette cérémonie fut également l’occasion d’honorer les figures majeures de la poésie burkinabè, à travers la remise d’attestations aux pionniers du genre. Leur abnégation et leur dévouement ont été salués comme un héritage précieux pour les générations futures.
Un avenir prometteur pour la poésie burkinabè
Au-delà du sacre de Paul Zougri, cette 6ᵉ édition du Grand Prix de Poésie Thomas Sankara a mis en lumière un foisonnement de talents venus de divers horizons. En réaffirmant le rôle central de la poésie dans la préservation de la mémoire et la transmission des révolutionnaires réels, elle a inscrit son empreinte dans le paysage littéraire africain. Face à l’engouement croissant pour cette compétition, les organisateurs promettent une 7ᵉ édition encore plus ambitieuse, avec de nouvelles innovations et une participation élargie. Une chose est sûre : la poésie burkinabè a encore de beaux jours devant elle, portée par des plumes engagées et inspirées.
Rendez-vous en 2026 pour une nouvelle célébration de la puissance des mots et de l’esprit Sankariste !
Mahamadi OUEDRAOGO