le 25 octobre 2010 par Merneptah Noufou Zougmoré

Ils peuvent se targuer d’être les seuls jeunes du Burkina à flairer le coup en préparation. A quelques jours de la date fatidique du 15 octobre 1987, inquiets, les jeunes de Pô ont convoqué Thomas Sankara. Comme il en avait l’habitude, il est allé dans la nuit les rassurer. Avisés, mais impuissants, ils ont observé les événements se dérouler sous leurs yeux.

A l’approche du dénouement sanglant du 15 Octobre, la rumeur se faisait persistante sur des malentendus au sommet de l’Etat. Des tracts à contenus orduriers envenimaient cette rumeur. Sur un des tracts, on pouvait lire?: “bientôt la folie va prendre fin“. Pour avoir le cœur net, les jeunes de Pô convient le Président Thomas Sankara à une rencontre au chef-lieu de la province du Nahouri. Le capitaine Président accepte l’invitation et se rend une nuit dans la cité kassena. Pour Apékira Gomgnimbou, le capitaine leur a tenu à peu près ce langage: “C’est la diversion de la réaction locale et internationale. Sinon, il n’y a aucun problème entre les dirigeants de la Révolution“. Rassurée, la jeunesse militante de Pô s’en retourna vaquer à ses occupations quotidiennes. Le 15 Octobre dans la soirée, il y avait à Pô une manifestation en hommage au Président mozambicain, Samora Moïse Machel, mort un an plus tôt dans un accident d’avion. Cette soirée hommage était couplée d’un meeting de soutien au CNR en raison de la mesure de suppression de l’impôt sur le bétail. Le Haut-commissaire de l’époque, Prosper Vokouma, indiquent certains militants du Comité de défense de la Révolution (CDR), a prétexté qu’il était souffrant et ne s’est pas rendu à la manifestation. Il s’est fait remplacer par son secrétaire général, Hamidou Zouré. Pendant que le meeting battait son plein, on a senti la tribune bouger. Les gens ont commencé à quitter l’aire de la manifestation. Apékira dit avoir interpellé le secrétaire général concernant la conduite à tenir.

“Je n’en sait rien”, aurait répondu ce dernier qui a continué son chemin. Ce n’est que plus tard aux environs de 18 heures à la radio qu’ils apprendront qu’il y a eu changement à la tête de l’Etat. Ils étaient loin de s’imaginer que le pire s’était produit. C’est le lendemain, par le truchement des radios internationales, qu’ils apprendront que le capitaine Thomas Sankara a été assassiné au Conseil de l’Entente.

Beaucoup de militants à Pô disent qu’avec le recul, leur appréhension sur la maladie du Haut-commissaire était fondée. Un peu plus tard, Vokouma occupera un strapontin ministériel dans le 1er gouvernement du Front Populaire. Le nouveau régime joue des pieds et des mains pour expliquer la forfaiture commise. Après la survenue des événements du 15 Octobre, une mission d’explication arrive à Pô pour tenter de justifier le coup de force. La population aurait écouté calmement les missionnaires, mais chacun avait sa petite idée sur la situation. La léthargie gagna les rangs des CDR. En vain, on a tenté de les convaincre de rejoindre les chantiers, jusqu’à l’avènement de l’Organisation pour la démocratie populaire/ Mouvement de travail (ODP/MT)

Merneptah Noufou Zougmoré

Source : L’Evènement N° 198 du 25 octobre 2010 http://www.evenement-bf.net/pages/dossier_2_198.htm

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