Publié sur ouagafm.net le 10 mars 2015

L’invité de ce mardi 10 mars 2015 de Radio Oméga était l’écrivain Bruno Jaffré. Le Français est très engagé pour que la lumière soit faite sur l’assassinat du président Thomas Sankara. Il revient ici sur les premières rencontres avec le père de la révolution burkinabè et les actions qu’il mène pour que justice lui soit rendue.

Vous avez fait tout un travail sur Thomas Sankara. Comment a commencé votre relation avec lui ?

Nos relations ont commencé en juillet 1983. J’avais une mission avec un journal français de le rencontrer. J’ai réussi à le rencontrer grâce à Fidèle Toé qui était proche de lui. Nous avons passé 3heures ensemble et ça a déclenché tout mon travail. Après, j’ai fait un ou deux autres reportages pendant la révolution. J’étais là quand Thomas Sankara était tué. Le jour où il a été tué, j’ai commencé à écrire.

Vous rappelez vous de la dernière fois que vous avez vu Thomas Sankara ?

Je ne l’ai vu qu’une fois. Au fait je pense qu’on m’a empêché de le rencontrer puisque j’émettais des critiques et je ne suis pas passé par le bon canal. J’ai voulu passer par le circuit officiel. J’étais membre du parti communiste et si vous connaissez bien la Révolution, c’était des gens qui se réclamaient de l’Albanie et les gens ne voulaient pas que je le rencontre.

Mais est-ce que vous avez eu des difficultés dans le cadre de vos travaux ici au Burkina Faso ?

J’ai été arrêté pendant la révolution (NDLR : La détention n’a duré que quelques heures, le temps de vérifier qui j’étais). Mais après, je suis venu deux fois avec des réalisateurs qui faisaient des repérages et c’est ça qui m’a poussé à faire la biographie. En 2005 je suis venu et sincèrement je n’ai jamais été embêté et on faisait des interviews…

Dans ce cadre est ce que vous avez rencontré Blaise Compaoré ?

Jamais, je n’ai pas essayé. Ça ne m’intéresse pas de le rencontrer parce que ça aurait compliqué beaucoup de choses.

Il y a un changement de régime au Burkina Faso, comment voyez-vous la suite du dossier Thomas Sankara ?

Il va finir par se passer quelque chose ici. L’insurrection a enclenché ça. On peut même dire que c’est un motif de l’insurrection. Quand on voit les images de cette insurrection, quand on voit des jeunes qui parlent de Sankara, on se rend compte que la justice est un problème fondamental. Il y a eu beaucoup de malentendus, beaucoup de déclarations de votre président qui étaient un peu précipitées. Je pense qu’on va investiguer, on connait les noms des gens qui ont tués Thomas Sankara, au moins les militaires burkinabè.

Mais je suis sceptique sur le fait que la justice burkinabè va enquêter sur le complot international. Ce n’est pas une affirmation, mais il y a de fortes présomptions qu’il y a eu un complot international puisqu’on a des témoignages assez précis qui accusent la France, les Etats-Unis, la Côte d’ivoire etc. Je doute qu’on va donner les moyens à la justice d’aller chercher les libériens là où ils sont pour les interroger mais, ce n’est pas évident.

Nous en France, on essaie d’obtenir une enquête parlementaire. Les députés du CNT sont de nouveau en train de rédiger un courier qu’ils vont envoyer à l’Assemblée nationale. Ça c’est notre combat. Si on ne démêle pas le complot international, on aura une partie qui n’émergera pas.

Mais il y a eu des contradictions par rapport à la procédure entre le gouvernement et les avocats de la famille Sankara. Est-ce que cela sera de nature à faciliter les choses ?

Cela ne va pas faciliter le dialogue parce qu’il n’y a pas de démarche officielle en direction de la famille. (NDLR : Il semble bien que depuis il y a une meilleure compréhension entre les avocats de la famille et les autorités)

Vous travaillez toujours sur Thomas Sankara. Qu’est-ce que vous préparez sur lui ?

Sur l’affaire Thomas Sankara, il y a un réseau qu’on appelle réseau international justice pour Thomas Sankara, justice pour l’Afrique, on a une page Facebook, on a une pétition avec 14 000 signatures et je pense que quand on aura le courrier des députés, on lancera une pétition via les sites internationaux qui génèrent rapidement des milliers de signatures pour faire pression sur le gouvernement français.

Et à quoi sert le site internet dédié à Thomas Sankara?

Le site s’appelle thomassankara.net, c’est la mémoire de Thomas Sankara puisque tous les discours disponibles, nous les publions. J’invite les Burkinabè à sortir leurs cassettes y compris les discours en langues nationales. On n’a pas par exemple le discours de la 2e Conférence nationale des CDR, il faut qu’on ait tout ça, d’autant plus que Blaise Compaoré s’est enfui, il faut sortir les documents.

source : http://thomassankara.net/?p=1744

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