Il s’appelait Sankara de Sennen Andriamirado

1989, 189 pages, JAPRESS

Contact Edition : JAPRESS 51 avenue des Termes 75017 Paris

Le livre n’a malheureusement pas été réédité depuis longtemps et demeure presque introuvable.

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Présentation (4 ème de couverture)

Il est mort, Thomas Sankara, ce chef d’Etat pas comme les autres, qui disait :”Je souhaite qu’on garde de moi l’image d’un homme qui a mené une vie utile pour tous“. Il est mort, le 15 octobre 1987, assassiné. Tous les africains, tous ceux qu’avait séduit, dans le monde entier, le jeune président du Burkina, sous le choc, réagissaient alors avec violence et s’interrogeaient sur la signification de cette élimination brutale, imprévue et incompréhensible. Plus d’un an après, l’opinion publique ne sait toujours pas avec précision et certitude ce qui s’est vraiment passé ce jour-là, ni ce qui y a conduit. Pourquoi Sankara est-il mort ? Comment a-t-il été tué ? Que sont devenus ses proches ? Que reste-t-il de ses idées ? Quatre questions auxquelles Sennen Andriamirado, le journaliste qui l’a certainement le mieux connu, s’est promis de répondre. Après quatorze mois d’enquête, au cours desquels il a recueilli de très nombreux témoignages, il a retrouvé une à une toutes les pièces du puzzle qui permettent de livre le premier récit complet de ce qui restera comme un chapitre de l’histoire de l’Afrique. Un chapitre, d’ailleurs, qui n’est peut-être pas clos : on oubliera les péripéties de sa mort mais sans doute pas le message d’espoir que Sankara a laissé derrière lui.

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L’auteur

“44 ans, rédacteur en chef au groupe Jeune Afrique, Il a déjà écrit plusieurs ouvrages sur le Mali, Congo, Madagascar. Il est surtout l’auteur d’une biographie de Thomas Sankara, publiée dans Jeune Afrique Livres début 1987

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Sommaire du livre

Avant propos

1 – Le calme avant la tempête

2 – Venus pour tuer

3 – “Votre petit Sankara est fini !”

4 – Comme d’éternels étudiants

5 – La guerre des tracts

6 – Qui sont les vrais comploteurs ?

7 – “C’était lui ou nous !”

8 – Sus aux “militants dégénérés

9 – La parenthèse Sankara est fermée

10 – Au secours de Mariam

11 – Un pays comme les autres

12 – Un mythe

Tous comptes faits

Annexes

I Le mémorandum des événements

II Discours de Sankara aux Nations Unies

III Bilan des Assises Nationales

IV Glossaire

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Nos commentaires

L’annonce de la mort de Sankara a particulièrement touché l’auteur, Sennen Andriamirado, qui entretenait des rapports avec lui et qui nous avait livré en 1986 la première biographie alors qu’il était encore vivant.

Il est donc venu très rapidement après le 15 octobre pour tenter d’y voir clair. Dans son style alerte de grand reporter expérimenté il nous livre ce qu’il a pu apprendre.

Peu après le 15 il réussit à avoir Blaise Compaoré au téléphone qui lui dit “Il faut qu’on parle. Viens et on parlera. Je vais tout t’expliquer… Tu connaîtras la vérité. Dès que tu arrives fais-moi signe“. En réalité il ne sera jamais reçu. Mieux les nouvelles autorités tentèrent de le salir.

Il déclare “je ne suis pas témoin neutre. Plus encore que de son vivant, je reste très attaché à Thomas Sankara“.

Il sera donc le premier à raconter en détail les moments précédents l’assassinat et l’assassinat lui-même grâce au témoignage du seul survivant parmi les collaborateurs de Sankara présents ce jour là.

Sa thèse s’en tient essentiellement aux divergences politiques et il analyse dans les détails les clivages et divergences qui se sont faits jour dans la dernière période, entre les différents groupes révolutionnaires organisés entre eux, entre ceux qui annoncent vouloir de nouvelles “clarification” et ceux autour de Thomas Sankara qui souhaitent une pause dans le processus, et enfin entre les militaires notamment à propos de la création de la fameuse FIMATS (Force d’Intervention du ministère de l’Administration Territoriale). Il raconte de nombreuses anecdotes illustrant ces problèmes.

Ensuite il relate l’aventure du capitaine Boukary Kaboré dit le Lion et sa résistance militaire qui sera écrasé dans le sang, certains de ses proches se faisant même brûler au lance flamme. Il réussira à s’enfuir à l’étranger mais ses tentatives d’organiser la résistance s’avérèrent vaines comme d’autres tentatives que Sennen rapportent. Il rend compte aussi de l’émoi général qui touche l’Afrique et raconte la réunion de Paris qui a eu lieu un an après l’a mort de Sankara.

Après avoir recueilli de nombreux témoignages de tout bord dit-il, ses conclusions sur les raisons de la mort de Sankara sont assez mitigées. Il ne croit visiblement pas à la thèse selon laquelle Sankara préparait un complot contre Blaise et ses proches, mais s’en tient à celle selon laquelle il ne s’agit que du dénouement tragique des seuls clivages politiques internes.

Voilà ce qu’il conclut page 98 : “De très nombreux témoignages que nous avons recueillis pendant douze mois d’enquêtes il parait ressortir trois données à peu près établies : primo, Blaise Compaoré n’a jamais donné l’ordre à ses hommes de tuer Thomas Sankara : secundo, parmi ses lieutenants et ses alliés politiques de l’UCB, beaucoup lui ont dit, au faite de la crise de 1987, que la seule solution était de “liquider le PF”, mais il leur a, à chaque fois, demandé d’attendre ; tertio, les mêmes ont fini par ses lasser et ses tergiversations et l’ont prévenu en octobre 1978 que, avec ou sans son accord, ils allaient passer à l’acte. Blaise Compaoré, semble-t-il, n’a donc pas donné l’ordre mais savait ce qui allait probablement se passer.”

Il se croit obligé de réfuter fermement la thèse d’une implication étrangère alors que depuis quelques temps, les éléments permettant de l’accréditer se font jour. Nous en produisons quelques uns sur le site et d’autres devraient suivre. Ainsi écrit-il page 160 : “Beaucoup l’ont retenue (la thèse de l’ingérence étrangère). Un peu trop vite. Souvent ceux qu’on appelle pompeusement les observateurs – politologues, journalistes, dirigeants politiques, intellectuels – ont tendance à compliquer le situations les plus simples, fussent-elles tragiques, et à chercher bien loin les explications qu’ils ont pourtant sous les yeux… Lorsqu’il s’est agit d’expliquer à chaud mais aussi à froid, l’assassinat , certains on voulu y voir, pêle-mêle, une opération organisée avec le libyen Mouammar Kadhafi, approuvée par l’Ivoirien Félix Houphouët Boigny, soutenue par le Togolais Gnassingbé Eyadéma, voire par tous les “impérialistes” réunis… Les témoignages n’ont pas manqué, et nous en avons recueilli plusieurs, contradictoires mais souvent troublants, voire vraisemblables sans être probants. Et plus loin sa conclusion est sans appel : “Blaise Compaoré a raison quand il dit et répète que les évènements du 15 octobre 1987 sont l’aboutissement d’une crise exclusivement interne.”

Pourquoi une telle charge contre ceux qui développent la thèse d’un complot extérieur ? N’aurait-il pu le formuler autrement en reconnaissant par exemple que cette thèse était possible mais qu’il disposait de trop peu d’éléments ? D’autant plus que faute de preuves, il y a au moins le raisonnement politique qui rend cette thèse tout à fait crédible, ce qui ne transparaît nullement dans le livre. Sennen a-t-il subi des pressions de la part de direction du journal ? Un jour tout cela sera éclairci. Peut-être devrions-nous en hâter l’arrivée.

Bruno Jaffré

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