Présentation de Désiré Sankara

Né en 1974, Désiré Sankara grandit à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou. Il s’imprègne dès son enfance, des contes, légendes et proverbes mossis racontés par divers visiteurs venus du village. Il se souvient des séjours à Kaya, le village de sa mère, en pays mossi, de ses cousins qui marchaient pieds nus, mais qui étaient «tellement plus heureux que nous, qui étions de Ouaga». Il se rappelle un univers de danses de femmes où il était à son aise.

C’est au village qu’il s’est pris de passion pour le Burkina d’avant, «le Burkina d’il y a cent ans». Le Burkina tel que le racontait Dim Delobsom dans l’un de ses livres, Les secrets des sorciers noirs. Un royaume mossi d’avant la colonisation où «la démocratie existait et où les femmes avaient leurs droits», rappelle Désiré Sankara, qui porte à sa manière la mémoire du défunt cousin.

Il découvre la musique occidentale à l’âge de cinq ans, lorsque sa mère achète un électrophone au détriment d’une gazinière. Cela aiguise sa curiosité et il s’intéresse par la suite à ses pères burkinabé, tels que Abdoulaye Cissé et Georges Ouédraogo. Mais c’est en entendant la chanson « Tajebone » d’Ismael Lo, en 1996, qu’il passe le cap et s’inscrit à l’école de musique de Ouagadougou, où il apprend à jouer de la guitare. Il se dit aussi influencé par Richard Bona et Lokua Kanza.

Il joue les standards internationaux dans les hôtels et les restaurants ouagalais pendant quelques années, avant de se consacrer à la composition. Puis il se lance dans un périple à travers l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Togo, Ghana) en quête de nouvelles rythmiques et d’ouverture sur le monde. Il apprend par ailleurs à jouer de l’harmonica en autodidacte, et a eu l’honneur de jouer une de ses compositions avec l’harmoniciste français Jean-Jacques Milteau à Accra (Ghana).

Désiré est un cousin Germain de Thomas Sankara, puisque son père à lui, un ancien instituteur, «est le petit frère du papa de Thomas». Désiré est discret sur cette parenté, dont il ne veut visiblement pas se servir comme d’un argument marketing.

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Désiré Sankara lors d’une soirée “Justice pour Sankara Justice pour l’Afrique” et “solidarité avec le peuple burkinabé le 1 juillet 2011 © Photo : Régis Marzin

Mais quand l’occasion lui est donnée il s’engage. Ainsi a-t-il participé à la réunion publique du 1er juillet 2011 à Paris, pour soutenir la demande d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara. Consciencieux, c’est le seul artiste à être venu en avance pour régler le son. Il a aussi animé une réunion publique de présentation de l’oeuvre de Thomas Sankara, organisée par le l’association des familles vivant avec le VIH, une association avec laquelle il s’est engagée pour donner un peu de réconfort aux malades allant notamment les visiter à l’hôpital.

Il gratte sa guitare et chante en mooré. Il a bien pensé, à un moment, prendre un nom de scène comme Dim Delobsom, en hommage à un écrivain burkinabè méconnu et qu’il admire. Il a signé la musique du film Paris mon paradis, d’Eléonore Yaméogo, et fait sien le titre du film.

Aujourd’hui installé à Paris, Désiré Sankara tourne en solo ou en Quartet avec Tommy Milharo (batteur), Fabien Janicic (bassiste), et Michael Avron (guitariste soliste). Il aborde les thèmes de la sagesse africaine et de la vie quotidienne des villageois – ambiance de fête, respect des traditions, tolérance entre les ethnies – et compose dans sa langue maternelle, le mooré. Avec son oreille moderne, à l’écoute de ce monde traditionnel à la fois mystérieux et idyllique, il donne une couleur originale à ses rythmiques, tantôt festives, tantôt nostalgiques.


Ecouter KUDUMDE en cliquant sur la flèche verte

le son

 


Kúdumdé (Paroles de Désiré Sankara en mooré) (suit la traduction en français).

M bĩnga m bũmbù

Tá Ali kẽn dík

M bĩisím né lĩnga

Tá Ali kẽn dík

M bõan-zabi gãongo

Tá Ali kẽn dík

Rébr né kámaan búud

Sã n kète n kõnta Wend làa a Tèné yῖnga

Ròg-n-mik ròga tẽegda

Tí súgr ságb wo kéte n dìta né m Ba-tẽnga

Ròg-n-mik ròga bíiga

Tàlle, adé yàa ròg-n-mik tẽng-n-bíiga,

M sáamb-dãmba, tẽng-n-kàmbá fã téga yãmb.

Tàlle adé yàa ròg-n-mik burkíind-bil wà yí…

M mà-rãmba burkíind-bíi wà téga yãmb.

Ròg-n-mik kúdumdé sã n wà sà wà y!

Tẽnga nà wὺm foo.

Tẽng-n-bíiga tẽeg kúdumdé

Tàlle néere.

Bàse-m-tó zàmaan sã n wà tá wà y!

Bíiga nà wὺm foo.

Burkíind-bila wìlg m Ba-tẽng pὺg-rữmdé,

Tí kúdumdé bíig ròg né néere.

Tá Ali kẽn dík

M bĩisím né lĩnga

Tá Ali kẽn dík

M bõan-zabi gãongo

Tá Ali kẽn dík

Súgr né rawélg-búud,

Sã n kete n wìlgda d bayir kòm-bíi yé…

Kúdumdé zák táara rògdba.

Tí bàag-bend né ká-mòag kete n fύbda né zãma.

Kúdumdé zák táara wàoogdba.

Tàlle, adé yàa ròg-n-mik tẽng-n-bíiga,

M sáamb-dãmba, tẽng-n-kàmbá fã téga yãmb.

Tàlle adé yàa ròg-n-mik burkíind-bil wà yí…

M mà-rãmba burkíind-bíi wà téga yãmb.

Ròg-n-mik kúdumdé sã n wà sà wà y!

Tẽnga nà wὺm foo.

Tẽng-n-bíiga tẽeg kúdumdé

Tàlle néere.

Bàse-m-tó zàmaan sã n wà tá wà y!

Bíiga nà wὺm foo.

Burkíind-bila wìlg m Ba-tẽng pὺg-rữmdé,

Tí kúdumdé bíig ròg né néere.

Tá Ali kẽn dík

M bĩisím né lĩnga

Tá Ali kẽn dík

M bõan-zabi gãongo

Tá Ali kẽn dík

Hàyà yà yà m Ba-tẽnga

Sàgle tẽng-n-kàmbá fã ròg-n-mik kúdumdé wo-y!

Tẽng-n-bíiga, sùgr dòog yàa d bayir ròg-n-mik.

M ba-tẽnga wayi

Sàgle burkíind-bíi wa ròg-n-mik kúdumdé wo-y!

Burkíind-bila téel m tó bíig yàa d bayir kúdumdé.

Tá Ali kẽn dík

M bĩisím né lĩnga

Tá Ali kẽn dík

M bõan-zabi gãongo

Tá Ali kẽn dík

Wà-y- wà-y, wà-y yé

Wà-y- wà-y, wà-y-yé m Ba-tẽnga…


Désiré Sankara et sa formation chante “Ouagadougou” au Lémonaire à Paris le 5 avril 2012.


http://www.youtube.com/watch?v=RbxHEqgmoAk

Desire SANKARA : guitare voix

Fabien JANICIC : basse choeurs

Tommy MILHARO : batterie choeurs

Michael AVRON : guitare choeurs


Kudumdé(1) (Paroles de Désiré Sankara en français)

Si il existe encore un homme capable de prêter sa natte à son prochain(2) et prêt à partager ses graines de semence avec son voisin(3)

Au nom de Tenin la mère divine, que le ciel soit loué :

La tradition a trouvé son garant.

On mange le tô du pardon(4) dans la cour du vieux M’Batinga,

C’est par lui que la tradition va se perpétuer.

Garde ces valeurs, fils du terroir tu dois devenir à ton tour un gardien des traditions.

Pères, les fils du terroir ont besoin de votre soutien !

Garde ces valeurs, fils du terroir tu dois devenir à ton tour un gardien des traditions.

Mères, les fils du terroir ont besoin de votre soutien !

Si par mégarde nous perdons nos valeurs ancestrales,

Tinga, tu t’en mordras les doigts.

Fils du terroir, fait l’effort de conserver ces valeurs,

Garde les précieusement.

Si par négligence on ne porte pas assistance à son prochain,

Mon petit tu t’en mordras les doigts.

Jeune burkinabé, partage ton repas avec la respectueuse et serviable femme de M’Batinga,

Car tu es le descendant de la noble tradition, et ces valeurs doivent être innées chez toi.

Si à travers le pays on continue d’enseigner le pardon, la tolérance et le respect des autres ethnies,

Alors la tradition aura trouvé ses gardiens.

La coutume veut que si l’on prépare du Babenda au kamoiga(5), on doit le partager avec tous ses voisins sans exception.

Alors la tradition aura trouvé ses garants.

Garde ces valeurs, fils du terroir… (Refrain)

Garde ces valeurs !

Fils du terroir, tout comme tes grand parents, tu as été initié dans une case.

Garde ces valeurs !

Jeune burkinabé, il est dans notre nature d’aider notre prochain à éduquer ses enfants afin que ceux-ci réussissent dans la vie….

PS: Afin de nous aidez à mieux comprendre, Désiré Sankara a expliqué pour vous quelques mots au bas de la page.

1 Koudoumdé désigne l’ensemble des valeurs transmises à la naissance dans la société Moaga, telles que le partage, la tolérance, le pardon, etc.

2 Dans les villages africains, la natte fait office de lit. Si un étranger traverse le village et demande l’hospitalité, on va l’accueillir dans les meilleures conditions possibles : le villageois prête sa propre natte à l’étranger et dort à même le sol, dans des conditions moins confortables que son hôte.

3 Chaque paysan doit réserver dans sa récolte des graines de semence pour la future culture. Il peut arriver que certaines familles mangent ces graines de semence pour survivre. Ainsi, lorsque le grenier d’un voisin est vide, il est dans la tradition de lui porter assistance en lui donnant quelques graines.

4Le tô est le plat traditionnel chez les Mossis, c’est une pâte à base d’eau et de farine de mil (ou de maïs selon la disponibilité des céréales) qui s’accompagne d’une sauce. Cette sauce est indifféremment composée de feuilles de baobab, de feuilles d’oseilles, de gombo, etc. Pendant le jeûne du Ramadan, les familles musulmanes mangent, avant le lever du jour, ce qu’on appelle « le tô du pardon ».

5 Le babenda signifie littéralement « caleçon de chien », c’est une sauce fourre-tout qui contient un mélange de feuilles, des graines de mil, de riz ou de maïs. Le kamoiga est une sorte de beurre extrait des noix de karité.

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